Tonight we dine in hell [R.]

Tonight we dine in hell
Tonight we dine in hell [R.] 127ty0

FT. FABIAN M. & LEONORA Z.

« Leoooooooooooo, ramène tes fesses ici de suite ! »

« Dans deux minutes Cat’ ! »

La jeune femme quitta la serviette humide qui enroulait son corps et enfila la tenue qu’elle avait soigneusement choisie. Les deux colocataires avaient décidé de s’offrir un repas sur leur lieu de travail, histoire d’échanger les rôles pour une fois. Se retrouver client plutôt que serveuse ou commis de cuisine c’était une bonne idée. Leo remerciait intérieurement Caterina d’y avoir pensé. Elle avait bien besoin de se changer les idées. Le rythme soutenu au boulot commençait à lui peser. Elle n’était pas du genre à se prélasser et réclamer des vacances à tout bout de champ mais elle aurait aimé souffler quelques jours. Il lui faudrait attendre. En attendant elle allait passer une excellente soirée en compagnie de sa colocataire.

Dix minutes plus tard elle fut fin prête. Ayant revêtu une belle robe noir, échancré dans le dos, jusqu’au bas de reins, coupé à mi-cuisse, elle était ravissante. Elle releva sa crinière ondulée en un chignon flou et se maquilla rapidement avant de rejoindre son amie. Moins d’une demi-heure plus tard elles s’asseyaient en salle, une petite table à l’écart, prêt de la grande baie vitrée. Elle n’avait pas encore passé commande que le portable de Cat’ se mis à sonner. La jeune femme s’éloigna pour répondre et revint, la mine désolée.

« Je suis désolée Leo, c’est un ami, il est aux urgences, rien de grave mais il m’a demandé de passer le prendre je… »

« Cours-y ma belle, t’en fais pas on remet ça, je vais me régaler pour nous deux ! »

« T’es la meilleure Zucci ! »

« Je sais bien va, allez file. »

Elle embrassa la brune qui fila en moins de deux. Leo passa commande de son entrée, une salade chèvre et noix qui arriva avant qu’elle n’ait eu le temps de se perdre dans ses pensées. Elle allait piquer sa fourchette dans son plat lorsqu’une voix se fit entendre derrière elle.

« On t’a posé un lapin Blondie ? »

« Au prochain ‘tic’ il sera vingt heures douze. TIC. Il est vingt heures douze. » Fabian hurla tout en accrochant ses mains à son crâne et en se laissant tomber sur son lit. Tel une lourde masse, il s’étala contre le pauvre matelas qui devait supporter cet énergumène jour et nuit. Allongé sur le ventre, le visage enfoncé dans son coussin, il tourna sa tête et regarda le large miroir fixé au mur. « Che fais bien l’horloche parlante hein ! ». Son reflet ne bougeait pas puisque la version originale elle-même était immobile. Le jeune homme s’empara de son coussin et l’envoya violemment contre le morceau de verre qui avait eu le malheur d’être choisi par ce gosse de riche pour devenir son deuxième lui attitré. « TU POURRAIS ME REPONDRE ! ». Le brun soupira et tapa sa tête à plusieurs reprises contre son matelas. Une dizaine de minutes passèrent avant qu’il ne se décide enfin à se redresser. Le survêtement qu’il traînait depuis deux semaines ne sentait plus la rose, il en était de même pour son pull. Dans un excès d’énergie, il fila sous la douche pour se rafraîchir. Une fois ceci fait, il se vêtit de vêtements plus dignes de son niveau social, à savoir un smoking très chic et qui devait certainement coûter très cher. « Petit Fabian, dis-moi, à quoi ça sert de bien s’habiller quand on est destiné a passé une soirée tout seul ? » dit-il en s’adressant au miroir. Personne ne lui rendit, c’est étrange non ? « Mais t’as raison ! J’ai qu’à aller quelque part, rencontrer des filles, et m’amuser, comme je le fais toujours, mais pourquoi j’y pas pensé plus tôt ? Je t’aime tu sais ? » Cette manie que le jeune homme avait de se parler à lui-même lui était venue lors de son adolescence, à une époque où le nombre de ses amis se comptait sur les doigts d’une main. Depuis, le brun n’hésite pas à passer son temps comme ça, au risque peut-être de paraître pour un cinglé narcissique et égocentrique. En fait, c’était bien ce qu’il était, mais cela le gêne assez de l’avouer, même s’il ne le nie pas.

Vingt minutes plus tard, il se retrouva au Lion Doré. Encore une fois. C’était comme si tous les évènements de sa vie convergeaient vers un seul et unique point, ce maudit restaurant. Il jeta des coups d’œil furtifs sur l’assemblée, remarquant déjà les filles dignes d’être draguée par lui. Il n’y en avait que très peu, trois, quatre, pas plus. Le jeune homme était déçu mais était bien décidé à finir sa soirée avec quelqu’un, il se rapprocha donc d’une serveuse âgée d’une vingtaine d’années. Une cible facile, trop facile même, mais ce soir, le gosse de riche ne se sentait pas d’humeur à s’attaquer un gibier de poids, une simple blonde mince avec de grandes jambes et une belle gueule lui suffisait amplement. Il afficha un large sourire charmeur et adressa un clin d’œil à la serveuse au moment elle passa à côté de lui. Cette dernière avait rougi et même esquissé un léger sourire. C’était gagné, il n’avait qu’à aller lui parler un peu après pour la mettre dans son lit. Cela rassura un peu le brun qui avait enchaîné pas mal de râteaux ces derniers temps. Il avança vers sa table favorite mais une voix familière l’arrêta. Il se mit à rire. S’il y avait bien une personne que le jeune homme ne s’attendait pas à voir comme client ici, c’était bien elle, et pourtant. Comme quoi, on est jamais à l’abri d’une bonne, ou d’une mauvaise, surprise. La blonde ne l’avait pas remarqué, et il se dit qu’il valait mieux en tirer avantage. Assistant à une scène assez émouvante entre elle et une de ses amies, il se manifesta, à sa manière.

« On t’a posé un lapin Blondie ? »

Il arriva à proximité de la table de Léo et fit un sourire forcé.

« Ce n’est pas la peine de me rembarrer directement. J’ai un argument de poids. Je t’offre ce dîner si tu me permets de passer cette soirée en ta compagnie ! »

La jeune femme le connaissait trop bien et s’attendait sûrement à cet argument, mais il n’empêche que sa réponse à elle dépendait de son humeur. Etrangement, elle avait l’air contente, malgré l’entrée fracassante de Fabian dans son espace vital.

» neith nyx •• on aurait dû m'appeller Hell.